L’architecte
Pâques 1959 – Lancement du Maïca premier du nom
De g à d: Tuffin Illingworth (qui prend des photos) – John H Illingworth – Cécile Rouault
et Henry Rouault tenant un superbe saumon fumé écossais en offrande aux dieux marins
John H. Illingworth,
régatier, tacticien, architecte, gréeur,
inventeur et initiateur de la course océanique moderne.
6’30 » de vidéo montrant quelques réalisations made by Illingworth
(les maïcas à partir de 3’45 »
« Malhamdale est une petite vallée cachée dans les collines dans le nord ouest du Yorkshire avec la rivière Aire qui jaillit à sa naissance. Elle court un peu plus vite qu’un courant de marée à travers Malhamdale en transportant les plus belles et les plus joueuses truites du Yorkshire »
C’est dans ce style bucolique que débute Offshore, le livre autobiographique de John Holden Illingworth (1903 – 1980), ingénieur et officier dans la Royal Navy, qui aura contribué de façon magistrale à faire évoluer la course océanique moderne. Après de premières armes d’architecte naval à dessiner des carènes de bateaux à moteur et à remporter tous les trophées motonautiques, il se tourne vers la conception de voiliers principalement destinés à la course en mer. Il en dessinera plus de mille, dont une bonne partie fait partie de la grande histoire du yachting comme Belmore, Gerfaut, Oryx, Gipsy Moth IV pour Sir Francis Chichester, Glénan, …. L’aventure débuta avec Laurent Giles et la conception de l’un des premiers voiliers gréé en tête, le fameux Maid of Malham. Suivi de la longue série des Myth, Mite, Monk, Mouse, Minx, et Merle of Malham. John était bien attaché à sa terre d’origine.
Régatier talentueux et excellent tacticien, il remporte sa première course en 1929 avant d’accumuler les victoires dans les grandes classiques : Fastnet 1947, 1949, 1955 et 1957, Sydney-Hobart en 1945, Bermudes… De nombreuses innovations, aussi pérennes que contestées, marquèrent son parcours. Etrave presque verticale, déplacement léger, arrière tronqué, franc-bord important, tonture inversée et grand triangle avant, lors de son lancement, Myth of Malham, déchaîna les critiques ! …avant de remporter le Fastnet de1947 et l’Admiral’s Cup de 1957.
Après la guerre du Pacifique, John H. Illingworth gagne Sydney. En 1945, il crée la course Sydney – Hobart et gagne la première édition à bord de Rani, un voilier de 10,50 mètres à arrière canoë, avec un équipage composé de 6 hommes – officiers de la Navy et plaisanciers amateurs locaux – recrutés au dernier moment !
Elu Commodore du RORC à son retour en Angleterre, le Captain Illingworth s’implique toujours plus dans la course au large : « La conduite d’un petit yacht de croisière rapide sur de grandes distances en conservant une vitesse élevée nécessite de résoudre de nombreux problèmes tels que le design, l’équipement, la préparation, l’équipage et la navigation » écrit-il dans la préface de son ouvrage Offshore.
Début 1950, il ouvre un cabinet d’architecture navale avec Angus Primrose. Le succès est immédiat, notamment en France. Comme il le faisait avec Laurent Giles, John Illingworth s’adjuge la conception générale et le dessin des gréements des voiliers de course tandis qu’Angus Primrose dessine les carènes. Il sera à l’origine, bien involontaire, de l’exploitation « optimisée » des ratings et des handicaps qui mènera certains coureurs à confondre trou de jauge et trou dans l’eau.
Les voiliers ainsi conçus sont avant tout des bateaux marins, esthétiques et performants. Réputés pour leur aptitude à remonter au vent dans la brise, ils s’avèrent plutôt délicats à mener aux allures portantes. Comme beaucoup de carènes de cette période.
Le succès des voiliers du cabinet Illingworth & Primrose en France n’est pas un hasard. John parlait parfaitement le français, appréciait la France, y comptait beaucoup d’amis avant de vivre ses dernières années dans la région niçoise. Angus Primrose disparaîtra en mer la même année lors d’une tempête.