A Malou et au grand beau temps qui passe et dont il conviendrait d’optimiser chaque seconde,
Pas convaincu qu’elle ait eu très envie de partir se reposer, mais bon ! (CM 260)
Je ne l’ai jamais appelé Malou mais Madame Le Gall tandis qu’elle s’obstinait à nous dire Madame & Monsieur. Depuis le temps, en 92, où nous avions investi sa crêperie sur la Place de l’Enfer comme un quartier de diner général et avions envahi le dernier étage de ladite crêperie pour stocker les 370 m² de voiles d’Escapade (1928). Fraichement acheminée du Grau du Roi, la goélette était en refit à la Scop de Tréboul – où les scopistes tréboulais nous « prêtaient » leur chantier le we –, nous logions régulièrement à l’Hôtel de France, avons – même- passé tout le jeu de voiles dans un vol Paris Quimper (Air Inter sans doute où l’air était encore humainement négociable!) et avons abattu un boulot de malades chaque week end pour participer à Brest 92. Malou Le Gall – je suis originaire du Mans ! disait-elle – nous accueillait plus que régulièrement et toujours adorable, prévenante, joyeuse et … hyper bosseuse.
Je partagerai l’hommage à Malou – je peux écrire Malou ? – avec celui à Etiennette la Sénane qui officiait derrière ses biligs dans sa jolie vieille maison crêperie dans la rue qui menait au Rosmeur. Sa Maman ridée, calée dans une encoignure, observait les Parisiens. Et rigolait lorsqu’on lui parlait.
Etiennette, qui a connu Chloé aussi minaude que Casilde, lui offrait à chacun de nos passages ses productions d’hiver imaginées pour notre petite fille : polaires, tableaux et même, sans doute prise au dépourvu, une Barbie. Un jour, Etiennette, cédant à nos invitations s’est rendue à bord de la goélette pour un thé. Avec une robe à fleurs, des gants, un chapeau et un bouquet de fleurs. Fais pas le fier, Parisien, le vrai monde qui t’écarquille l’esprit est là, fondamental !
Malou, nous l’avons croisé sur chaque stand du Chasse Marée où nos pas nous guidaient. Et la vie reprenait, celle d’avant, je sais pas, mais celle des moments qu’il n’y a pas besoin de commenter pour les apprécier. On fait comment maintenant ?
Illustration – Émile Renouf de passage à Sein
PS: Premier diner dans sa jolie maison crêperie, Etiennette ne prenait pas la CB, pas grave dit-elle, déposez le chèque sous la porte demain en passant. En 92, 1992, le monde s’évertuait déjà à oublier la confiance. Et nous découvrions la terre de l’île.
PS2: le premier diner chez Malou, place de l’enfer of Douarn’, on a mangé des rafales de crêpes – des joyeuses, pas celles qu’on porte en signe de deuil hommage au défunt – tellement de crêpes que nous avons été étonnés a posteriori de l’addition – sur l’instant t’oublie le montant à cause des gwin ru répétitifs, je n’saurais dire son nom du type tructruc La France – sans aucune mesure avec nos engloutissements crêpeux gargantuesques.