Ou Zanzibar du soir, désespoir de départ…
…ou Last nite in Zanzibar, demain on se barre
Le choix du titre est laissé délibérément à l’émotion du lecteur comme à son appréciation sentimentale du départ lorsque, sur le quai de la gare, les mouchoirs s’agitent, les cœurs s’effritent et que les larmes rigolent bilatéralement sur les joues des ferroviaires passagers et celles des sur le quai demeurés.
Donc, c’est l’ultime journée, finale nuit en Zanzibarie. Pour toutes et tous.
Alors, on fait la photo avec de bons gros CanoNikon et des téléphones portables. Difficile à saisir car les héros se dandinent et rigolent.
Les filles au premier rang, sur une ligne! s’interpose le smooth operator, No need to ask, He’s a smooth operator, Smooth operator, Smooth operator, Smooth operator (Merci Sade Adu).
Elles s’installent, genoux dans le sable: Annie, Béatrice, Catherine, Cécile, Laurence, Marion et Mireille.
Et derrière – les gars, c’est la photo officielle, planquez les bouteilles ! – bouches ouvertes en quête d’air frais dans la chaleur : Eric, François, Gérard, Guy, Jean François, Jean Paul, Pascal, Thierry, Vincent, Xavier.
– Et les autres ? lance Thierry
Là, côté supporters, ça déboule grand train : Anne, Carla, Cécile, Delphine, Dominique, Eowyn, Estelle, Kirris, Lorraine, Myriam, Pascale, Rosemarie, Solange, Alain, Claude, Dominique, Emmanuel, Eric, Fabien, François, Franck, Guy, Jacques, Jean Claude, Jean François, Jean Luc, Inumaginfo, Jardin des C., Julien, Juste, Loïc, Malik, Patrick, Philip, Pierre, Serge, Yves, …
Photo prise, l’orchestre philarmonique s’installe avec au pupitre, Monique dite Momo, impériale sauf lorsqu’elle marche dans le sable mou :
– MOMO, MOMO ! Crie l’impresario
Le chamelier nonchalant s’éveille et fait un signe lent du bras pour indiquer qu’il est là !
– Pas toi ! MOMO MOMO !
La vache à bosse marquée zébu sur le flanc là où le logo Milka a été gratté, tourne son mufle :
– Meumeumeu ! Meugle-t-elle
– Pas toi meuh meuh ! MOMO MOMO !
– ô toi, la voix qui crie dans le désert, suis pas sourde ! Sinon, j’aurai pas droit au pupitre ! J’arrive sur ton p… de sable mou et brulant !
L’orchestre s’installe comme il le peut, mixité non académiques des Violes de Saint Tropez – dont le leader altier n’était autre que son HCS le Bailli de Suffren en personne – et l’Orchestre des Mariages et des Enterrements (re)tenu par Goran Bregovic.
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L’affrontement fut terrible, altercations compétitions d’experts tziganes en gigantesques trilles exponentielles aussi lacrymales de rires que de pleurs et du maitre solitaire en soliloques germanopratines dont les logorrhées démesurées décérèbrent l’auditeur.
L’effet public fut terrific, et chacune chacun externalisa ses pensées intimes en live exacerbé :
Chacune chacun s’interrogeait disparate iconoclaste
– Tu as déjà participé à des Glandes Légates ?
– Est ce que tu baragouines le gazon maudit?
– Tous les boiteux vont-ils en boite ?
– L’envers est-il un empaffé de mauvaises attentions ?
– Vade retro pataugas !
– C’est quoi ça veut dire Panem et Circoncis ?
Certains chantonnaient, d’autres s’étouffaient à l’air guitar, pantins transés, …
Ah ben dis donc, quel exemple donne la France ! répète inlassablement le roux de Malte.
La Lady à la peau si diaphane, choquée psalmodiait en tapant du pied à s’écorcher : « Ramdam et nuit de Saba, face de carême ».
Je compris qu’elle priait tout ce qui existait en matière de divinités et de rites.
La fièvre musicale descendue, les exécutants souriants avides d’européanité d’un local band, s’accordèrent aux furieux pour élever vers le firmament étoilé des rapsodies autochtones hululantes apaisantes.
On vit apparaitre le grand raisonneur résonnant, celui qui argue de tout et lève le bras droit et la jambe droite lorsqu’il veut prendre la parole. Nous connaissions son dada du moment : les lois américaines sur la pratique du sexe domestique différente suivant les états. De levrette à la sauvette à missionnaire voilé, les taxes sur les câlins vont pleuvoir, …
La Lady reprit les commandes :
– Il nous faut quitter Zanzibar ! La belle aventure est terminée, beaucoup se sont rencontrés, trouvés, retrouvés, appréciés et Saba est en chantier.
Applaudissements, sifflets et cris, les 3 formations réattaquent la Javanaise, enfin, juste le refrain
Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d’une chanson
Et lâchant le thème, ils improvisèrent jusqu’au lendemain du lendemain, tonitruant la page où les ânes mettaient bas, les enfants riaient, …
Lorsque nous passâmes, voiles hautes à raser la côte, ils jouaient encore, certains dormaient, le rideau allait bientôt tomber. Tout le monde dort à bord, grosses fatigues libatoires.
Direction finale, sans doute Chypre. Ou Malte.
Crédit photo divers mercis & Myriam la Bresto-zanzibarienne