Hakuna Matata !
Suite Zanzibarienne parce que
les rencontres ne sont jamais fortuites,
Hakuna Matata !
Tout allait et était bien sous les cieux Zanzibariens du haut desquels les dieux olympiques, en quête de fidèles, psalmodiaient Mahomet tandis que les apprenties demoiselles, imitant leurs mères ancestrales, faisaient les belles, toutes sérieuses des sourires du bonheur spontané d’exister juste pour jouer.
Nous étions ancrés dans la petite baie en bordure des habitations et suffisamment loin du brouhaha de la ville pour passer les journées dehors doucement soulevés par intermittence par une houle pensive qui jouait des muscles pour rappeler qu’elle fut vague et démontrer que l’océan peut se faire montagne. Nous étions assez éloignés du rivage et les insectes se faisaient rares, rabattus par des couloirs d’air chaud qui les empêchaient de trop bourdonner et épuisaient leurs dards.
Du reste, j’avais tendu un hamac pour la nuit sous le regard dubitatif de la Lady. Lady qui faisait un peu la gueule car je donnais l’illusion d’être chez moi à Zanzibar ; il se trouve qu’après avoir retrouvé l’équipage du Midsummer dès l’arrivée (cf. épisode à peine e-sec précédent) qu’à peine à terre je tombais littéralement sur des amis arrivés là le jour même. « Tomber littéralement « est une formule dite du Pape destinée à n’en pas chercher d’autre plus appropriée quand bien même sa fonction évocatrice est aussi indéniable que cette explication qui n’en est pas une, juste un petit délire épistolaire pour le plaisir d’imaginer jusqu’où le lecteur le lira. Merci & mille sincères pardons pour l’outrecuidance.
Ich liebe dich, so wie du mich,
am Abend und am Morgen,
noch war kein Tag, wo du und ich
nicht teilten unsre Sorgen.
Ludwig v.B. & Karl Friedrich Wilhelm Herrosee
Notre date d’arrivée étant cette fois-ci particulièrement floue, les retrouvailles imprévisibles jouaient en faveur de la théorie du fortuit absolu où les horizons se courbent devant le partage d’une même aventure passion. Il s’agissait en l’occurrence du refit d’un yacht en bois http://fr.ulule.com/saba-refit/ là-bas en bordure des falaises paimpolaises, beaucoup plus chantées que celles d’Etretat.
La Lady, disais-je, faisait un peu la gueule parce que j’étais devenu le héros local & pas elle. Sa personnalité ne souffrait pas l’anonymat et encore moins de jouer les utilités.
Elle me prit par le bras, signe de son trouble : « Horatio, je n’ai jamais fait tapisserie nulle part et là, je crains d’être victime de cette situation ». Je ne m’inquiétais pas de pas me prénommer soudain Horatio, c’était sa fantaisie quand elle n’était pas bien, qu’elle traversait disait-elle « un Trafalgar ». Ses grands yeux maquillés plongés au fond des miens, j’y perçus l’errance d’une angoisse de grande profondeur, comme une probabilité d’inéluctable vieillesse solitaire, oubliée d’un monde se passant d’elle, Lady errante dans un palais rempli de souvenances vidées de sens, où l’on tripote un fauteuil ou un rideau pour se donner une contenance de vie.
Elle soupira : « Déchéance, fait chier ! »
Puis, prenant sur elle :
« Tu crois que je devrais régénérer mon sang ? »
Elle touche le fond, pensais-je d’autant plus qu’elle venait de passer, il y a trois mois, une semaine à Montreux avec les people régénérés à la Prairie.
« Lady, puis-je vous présenter mes amis ? » diversionnais-je.
Elle posa les yeux sur moi, esquissa une moue, entrouvrit la bouche puis soudain sourit. Transformation immédiate sans signe annonciateur, la crise venait de passer !
« OK, Horacito ! Allons-y, présentez-moi ! »
Elle posa la main sur mon bras et le tapota comme on flatte un cheval pour le faire obéir.
Je lui présentais mes amis montés à bord avec le tender du Midsummer.
Elle était chez elle et tenait à le faire savoir, après les avoir salué, elle leur demanda, comme un jeu, de raconter comment ils étaient arrivés jusqu’à bord de ma goélette !
Comme elle avait déjà salué Cécile et Alain, le staff du Midsummer et Myriam la Brestoise, elle s’enquit des autres.
Marion évoqua sa traversée depuis La Rochelle à bord du petit Mistral Gagnant et la terrible tempête dont elle réchappa par miracle au sud du Cambodge, …
La Lady apprécia l’intensité du récit et sourit, Cécile se lança dans une histoire de calmes sur la Cornouaille anglaise, de politesses avec les cargos dans le rail puis de l’explication technique de l’empannage sous spi avec un gros tangon sur un ketch vert qui lui déclencha un fou rire irrépressible,
La Lady se surprit à céder au rire communicatif.
Guy raconta son odyssée depuis Toulon en paddle à rame et à voile, les vitesses atteintes, l’équilibre à contrôler en permanence et les rencontres étonnantes « avec tous ceux qui inventent toujours pour faire avancer le monde », …
La Lady écouta ses explications, observa ses gestes, posa juste une question qui ne demandait pas de réponse : « Pourquoi ? »
Thierry ôta ses lunettes pour citer presque tous les bateaux « ces bateaux qu’on n’aura pas » à bord desquels il avait embarqué : les PenDuick III et VI, les Kriter V et Kriter VIII, La Recouvrance, … et tous ceux qui lui restent à découvrir comme il en parlait récemment dans une brasserie de Tournai.
La Lady dit « Très bons choix de bateaux, je les ai tous croisés, belle démarche d’ouverture et j’adore Tournai»
Ce fut au tour de François de raconter comment, de consultant en expertises fonctionnelles et sectorielles, il s’était engagé dans la cuisine sans gluten mais qu’il n’avait pas résisté à venir partager ce moment entre les organisations et les livraisons de réception,
La Lady commenta qu’elle adorait le quartier de la rue des Dames et le marché de la rue de Levis.
Pascal termina les présentations en expliquant le projet « assez fou » qu’il venait tout juste de terminer « un rallye mixte Harley Davidson – Porsche entre Paris et le mont Ararat » à l’issue duquel il avait parcouru 4 fois la distance dont la moitié à pieds pour revenir récupérer tour à tour la machine et la berline afin de les garer au point de départ avant de repartir.
« Est-ce que le qualificatif assez fou est suffisant ? «
Elle était ravie de cet impromptu où les motivations des uns et des autres se traduisaient en histoires passionnées.
« Mais, Horatio, comment avez-vous rencontré vos amis ?
J’expliquais – mes amis se tordaient de mon prénom Horatio – que chacun avait participé à l’opération Saba Refit destinée à sauver les bois anciens d’une reine illustre qui vivait pas très loin sur le continent africain.
Elle me jeta un regard où le doute l’emportait sur l’incrédulité : « Je ne comprends rien à ton histoire, Horatio ! »
« Normal, ô Lady, je ne m’appelle pas Horatio ! »
Elle hésite ½ seconde et là, changement radical d’attitude : le bougon aimable laisse la place à l’expansif :
« Tes amis sont tous adorables – ouf ! Et j’adore toutes ces histoires – re ouf !- « Elle frappe dans les mains :
« Champagne ? » lance-t-elle.
Hakuna Matata ! Lancé-je, pas de problème !
« Vous parlez le swahili maintenant ? » se moque-t-elle.
« Vous ne le saviez pas ? » répondis-je sur le même ton.
« En avant pour Dom Pérignon, le divin moine d’Hautvillers!»
Seconde partie, celle de la nuit, on a trouvé le bar Bienvenue
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You have to go to come back »!!!!!
Myriam à son tour a raconté ses années locales, les paysages, l’accueil des gens, la vieille ville de Stonetown, l’architecture, les portes incroyables, l’ambiance des marchés, des bars, véritable labyrinthe, des p’tites ruelles étroites, le Sikuku (fin du ramadan) où les mecs dépensent des fortunes pour acheter des robes et des bijoux à leurs femmes et leurs enfants, …
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A suivre, tant que le soleil se lève ou se couche, tout est permis. Comme de parler du Dhow !
Photos diverses et les locales de Myriam