Pôlitiquement côrrect
Le politiquement correct, diktat officiel, & les réseaux sociaux, lobbying populaire, vus des longue vues plutôt courtes de la chère Lady Taud et de son homologue sinophile Lady TÔ, dite Cerise Chérie lorsque, vaquant dans les parages, elle s’invita à bord du yacht ladiesque.
Replaçons le contexte hors vision sexe, les deux ladies qui n’avaient conversé gratuitement que par Skype, s’étaient retrouvées aux hasards de leurs pérégrinations VIP sur le yacht de celle qui m’est chère et dont je paie chèrement la passion algorithmique. La passion algorithmique se traduit par se la mettre sous le bras en attente de la lui mettre plus bas (Sinbad le marin et/ou Sinead the sailor)
Donc contexte, on y va, lecteur haletant.
Elles avaient décidé d’aborder ce sujet, comme une météorite se préoccuperait des fourmimolécules terriennes, un exercice de style et de réflexion. A leurs décharges, elles s’étaient plongées dans les ouvrages référentiels, de Michel Foucault (1968) « une pensée politique ne peut être politiquement correcte que si elle est scientifiquement rigoureuse », à Jacques Barzun, « le politiquement correct ne proclame pas la tolérance ; il ne fait qu’organiser la haine » à Jacques Derrida pour lequel la critique systématique du politiquement correct serait dangereuse car elle annihilerait toute pensée critique par sa seule force d’intimidation et puis of course, en visionnant 7 fois le film de, sur et sans doute par Mark Zuckenberg – fils d’une psychiatre et d’un dentiste, garçon daltonien qui distingue essentiellement la couleur bleue – le Social Network où le storytelling de FB, qu’elles virent et revirent donc au point de se transformer en zuckerbergères.
Moi, sténographe star issu de Pigier, je saisissais le dialogue, le texte seulement en ne m’inscrivant ni sur le fond, ni sur la forme.
Elles entamaient un Corton-charlemagne 1999 pour faire passer le déjeuner de travail durant lequel elles avaient interchangé leur garde robes, vêtements et sous vêtements.
Ma lady attitrée entame le débat :
– Tu utilises les réseaux sociaux ?
La mandarine blonde se redresse :
– Euh oui. Que veux-tu dire ? Peaufine ta pensée. Va au fond du sujet.
– Les réseaux sociaux, tu vois ce que c’est ?
Face de lune ronde blonde avale son verre :
– L’internet de rencontres ? Où tu as plein d’amis qui t’observent, te likent, te commentent, t’aiment mais ne sont pas tes amis. Réseau j’aime bien, social, moins bien. Tu en as besoin des réseaux sociaux ?
– Non, répond Lady Taud, semble-t-il déconcertée par la question, besoin, non, mais c’est une façon d’explorer le monde sans bouger de sa chaise. Comme des pages Internet avec lesquelles tu papotes. E-papotes. Tu reconnais des gens qui te reconnaissent. La plupart du temps, tu entretiens des connaissances inutiles.
– Le bruit court de contrôles visant à limiter les accès à tes « amis » (putains d’amis de mes 2 !) et qu’en payant tu pourrais élargir ton audimat ?
– Ce mercantilisme me gonfle, grave.
Elles lancent le bras en même temps pour attraper le Corton, c’est ma Lady qui l’emporte en rapidité et derechef sert l’Orientale extrême. A ras bord. Idem pour son verre. Bouteille vide, j’arrive ô princesse de mes nuits trop espacées !
– Bon, notre débat portait aussi sur ce foutu politiquement correct, j’ai hips des idées sur le sujet, et toi ? Prononce Lady Taud, yeux mi-clos.
– Merde, bitte, cul, pédé, immigré, salope, petit con de politique, … font partie des mal vus, je traduis soft par caca, sexe, derrière, bienvenue, polyandre, grosse tête de gouvernant.
– J’adore et j’t’adore ! Politiquement correct est l’invention qui suit l’opium du peuple de Charly : on interdit en cul de poule l’expression usuelle utilisée depuis la nuit des temps, …
– … nuit des temps ? …
– OK, juste depuis. Ya bon Banania, tout le monde l’a en tête sans y voir irrespect ou xénophobie : interdit par les mêmes qui disent « Casse toi pov’ con » ou lâchent des vannes tellement nulles que le quai d’Orsay doit déployer ses artifices faux culs pour calmer les prétendus contrariés. Bientôt, nous ne pourrons plus dire ni Mère ni Denis, parce que mère représente la maman et Denis est le prénom de Papin, l’inventeur de la machine à vapeur et, j’aime bien, le sous-marin « Urinator ».
– Laisse pisser, dit Tô.
– Me fait pas rire, faut que j’y aille, ma vessie, si si, fait son impératrice.
Les 2 ladies sortent vidanger en s’accrochant aux meubles vernissés.
Force m’est de constater qu’elles reviennent passablement décoiffées. Mais je sais que les buses des sèches mains à air pulsé ont été tournées vers le haut pour sécher les toilettes. Or, les mains des ladies luisent d’humidité. OK, elles se seront séché le visage et explosé les savantes chevelures !
Elles titubent un tantinet, s’effondrent dans les Chesterfield big size et avalent les verres servis entre temps.
La sino lady lance :
– Sympa, ce pinard ! C’est quoi ?
Le sommelier chamelier indique la bouteille de Corton-Charlemagne 1999.
– Original, ça change du précédent.
My lady, lady lay, ronfle joliment mais sûrement. Des petits rrrrrrrrpppffffrrrrrrrr mignonets.
Yeux fermés, elle rêve :
– C’est assez étonnant, lorsque je séjourne dans mon riad, le sommelier se déplace en chameau.
L’autre s’enquiert :
– J’espère qu’il ne transporte pas les caisses de vins à dos de chameau ?
Lady Taud réfléchit et répond pas trop tôt :
– Sais pô, faudra que je fasse vérifier !
Les deux s’endorment, aussi usées par les réflexions philosophiques qu’un sénateur par un diner de travail gastronomique.
Je profite du silence pour conclure que les réseaux sociaux vont évoluer vers du commerce en ligne et que le politiquement correct est une récurrence sociétale. Comme la religion, la conduite anglo saxonne et le métro à gauche, les taux bancaires et la mode.
Dans 2 jours, nous partons pour Zanzibar.