Tout sur Port Louis (56) et les Voiles de la Citadelle

Mais avant : juste quelques paragraphes de silence dans sa tête
à la mémoire de Jean Maurel,
batailleur de vagues, de vents et de l’international mal pervers ;
51 ans c’est jeune pour vieillir et mourir, non ?1lorient1

On abandonnera quelques temps la délicieuse et fantasque Lady Taud à ses extravagances pour resituer le débat sabbatique dans son épopée de vagues, de brises, de coups de pinceaux et de partages humains (les partages humains qui autorisent à s’interroger sur l’altruisme partagé de l’anthropophage et de l’anthropophagé).

1lorient2Donc, l’ID de base fut de quitter les eaux du bassin du Musée de La Rochelle pour rallier Port Louis (56) et participer, comme en 2010, aux Voiles de la Citadelle dont on retrouvera l’idyllique rétrospective ici.
Donc (bis), Eric le navigateur, dit Goulpharman & I, surnommé le boss, nous tégévésâmes-nous vers la ville portuaire d’Aunis qui, en mai 1621, proclamera son indépendance et la constitution d’un « État protestant » avant qu’Armand Jean du Plessis 1lorient3de Richelieu y mette (difficilement) bon ordre, et dont la gare est un monument à la gloire de l’épopée ferroviaire du 20è : dessinée par l’architecte Pierre Esquié (1853 – 1933), construite en 1909, elle est achevée en 1919 et inaugurée (enfin) le 19 novembre 1922 par le ministre des Travaux publics de l’époque, Yves Le Trocquer (Breton de Pontrieux). Hauteur de la tour phare: 45 mètres = + haute que les tours…

(cf. photo témoin truquée, visible à l’oeil nu).

1traceTout devait être le moins imparfait possible entre les trains de dépression puisque le vent devait – franchement – forcir en fin de parcours mais, amical dans ses ardeurs, remontait Saba et son équipage dans une suite d’empannages de Suet à Suroit ! Vent même violent portant est préférable à grosse brise dans le nez, cher Poilo ! Ergonomiquement parlant certes, mais on ne va aller exprès se coller dans un F8/9 en toute connaissance de cause, c’est déjà bien assez de s’y retrouver malgré soi et de s’en sortir par soi-même.

Départ prévu mercredi 18h après avitaillement et rangements. Eclusier OK. Et là Vincent dit Kevlarman parce qu’il s’entraine régates plastiques et inhérentes restrictions épicuro-stomacales (t’as vu c’ki mange sur les parcours banane des kevlar ?) pour enchainer les empannages parfaits avec le spi rouge de Saba. Or, l’affect de Vincent déborde très vite dans la cuniliculture et l’amène à prononcer le nom redouté de l’animal honni. Quoique domestique.
1lorient4« Mes lapins », prononça-t-il affectueusement. Derechef, le moteur qui démarre au ¼ de tour toujours, prêt à partir joyeux vers des courses lointaines, refusa « clic clic clic » de donner sonorité de démarrer. Call to Nauticelec, l’électricien rochelais qui devrait dispenser des leçons, sinon de marketing, tout au moins d’efficacité relationnelle commerciale et professionnelle à d’autres artisans locaux dont on taira les noms parce que ce serait leur faire trop d’honneurs (et que l’homme n’étant pas de bois, les réactions peuvent dépasser le bon aloi – ok, c’est poussif mais y’a du passif).
Vincent parti, je l’informais au tel que sa belle accordait 6 mois d’abstinence feqfuelle afin de compenser l’outrance (ce qui était faux car comment pourrais-je, n’étant pas chandelle, m’immiscer, c’est donc faux & naze & traumatisant, scusi Vincent).

1lorient5Or, il advint que l’électricien diagnostiqua, désin(volt)e mais (ampèr)atif, qu’il s’agissait d’une cosse de batterie grippée qui profitait dit-il « de la paresse du courant ». Belle leçon, merci Watman.
Toujours est-il que Mister Ecluse ferma l’huis et Saba passa la nuit engluée dans les eaux fangeuses et parfois bousculé par les rafales. Ecluse close, il n’y avait d’autre issue – les fichiers météo alertes viraient au rouge- que d’appeler François et son Mao Ti Toï 3 pour embarquer avec lui au Bono dans la petite mer du 56.

1wiskyeOutre les rasades nocturnes d’Islay malt à bord du Sergent Manu Xine Dry, nous réparâmes le chandelier pété depuis belle lurette, la drisse de pavillon descendue et changeâmes la courroie d’alternateur. Tâches utiles éternellement ajournées. Le coup de pinceau, vu la pluie battante et le bois humide, fut reporté sine die.

Jeudi : auto et Bono. Service de rade parfait si tu as le temps (merci au canote de Pangur Ban, fallait juste trouver le passeur entre ponton et milieu du courant, merci les skippers d’école) et hop, diner et dodo sur le S&S bateau.

Vendredi petit matin mais pas trop, sortie du Bono, cap sur la sortie du golfe. Belle lumière et risées fraiches.
– 2 ris ou 1 ris ? 2, plus facile à ôter qu’à installer ! OK & foc 2/3 roulé.
Remontée serrée vers la Teignouse qui fait sa teigne, Kraken devait partir du Crouesty à la même heure. No news, l’es où le krakou ?

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 On passe le bout de Quiberon et descente sur Port Louis. Musclée de 35 noeuds de vent devant sur un bord quasi direct et mer décoiffée croisée, mise en plis d’enfer, creux et bosses, plaies et crosses, houle profonde et moutons en folie – appelle ton chien Monsieur Seguin – ça fait des piques, des trèfles et des carreaux sans coeur, MTT3 embarde à 30°, dure la barre, tenue 3 heures avant de la rendre au patron. Epuisé d’embardées. Beau yacht notre Mao Ti Toï, il optimise ses 10 mètres et quelques au service de l’équipage détrempé (je me souviens que les douches sont hyper chaudes à Port Louis, on s’encourage comme on peut). Un bord raccord et ça débride par la passe sud. Tout trempé ! Alléluia qu’aurait fait Saba ? Se serait battu mais sur plus de temps. Mao Ti Toï a mis 6 heures.1lorient9

 

1lorient10Derrière, longtemps derrière, Krakou a quitté Le Crouesty. Il mettra 7h30 et se fera ouvrir les bordés tribord fraichement repeints. Les murs de vagues attaquent les planches de bois. Violent.
La flotte est là pour accueillir. Le port aussi, scotch after shower, merci la capitainerie. Demain, on court.

Samedi & dimanche, petits déjeuners comme on les aime, régates bien pensées pour éviter l’incertitude bourrasquière des dépressions atlantiques.

1lorient111lorient12Mao Ti Toï se bat comme un chef comme à son habitude. Belles nav’, le spi (qui se prénomme Martine) est envoyé par François en solo – pas touche matelot -, la bouée de marque à Port Tudy passée derrière Khayyâm et Pen Duick 3, juste derrière, un peu de crachin et du vent comme il faut. Juste le support de winch de spi avec le winch de spi qui m’ont pété sur l’épaule en se lâchant sous l’effort, plus de bleu que de mal.

1lorient13Accueil superbe à terre.

Chaque fin d’après midi, j’irai dédicacer mes « Voiliers » chez Nord Sud.

Animations ventées pluvieuses entre les gouttes, réception par Madame le Maire herself, Brieuc de la direction des ports et Bruno capitaine du port – autant que leurs équipes – méritent le ruban bleu de l’accueil efficace et amical, discussions de pontons et photos de François B., Bernard B impérial, le nouveau taud jaune de Saba convoyé par le Khayyâm express depuis Douarnenez, … drôle comme le temps est passé de retrouver Port Louis après toutes ses années.

Et puis, un petit dernier pour la route, le bagad de Port Louis qui, si je m’y installe, m’amènera au biniou coz.

Kenavo.

Merci à François Berland & Eric pour les photos.

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