Docteur Pruneau et Mister Barbapapa
Docteur Pruneau et Mister Barbapapa
Rencontres opportunes et la mise en bouche qui s’ensuivit…
La lady s’éveillait d’une longue sieste durant laquelle, rapporta-t-elle, elle eut la vision d’un yacht en chantier, épontillé solitaire devant un chantier fermé. Un canote qu’elle jalousait en son for intérieur d’abord à cause de son patronyme de Saba qu’elle ne parvenait à raccrocher à ses quartiers de noblesse (Zequouine) et parce qu’elle ne pouvait – malgré sa polyandrie galopante – en être la reine car la place était aussi prise qu’inexpugnable.
Or donc, bon prince – bonne princesse dans ce cas est assez moyen comme expression – elle décida d’aller visiter la zona technica où vaquaient des artisans indolents aux airs de carénage.
Ce qu’elle vit la marrit !
Après près d’une heure d’allers et venues pour se placer dans les sangles (« j’ai cru assister à une sorte d’accouchement où le médecin était payé au temps passé malgré le baby pressé d’être sorti ! » dit la lady), le yac s’éleva dans les airs comme gruté par un hélicoptère (UNE hélicoptère dit le chef, vous avez de bons yeux acquiesce le sous fifre lèche botte) mais en fait par un puissant engin élévateur. Un vieux tracteur né avant Massey et Ferguson transporta le bateau de bois, escorté d’un gyrophare, vers son champ opératoire.
Un éphèbe blond d’âge mûr dirigeait la manoeuvre, expliquant et commentant l’évidence compréhensible, tel un professeur investi d’un fabuleux savoir impossible à transmettre à l’ignare et imbécile humanité qui ne comprend rien et n’a rien connu avant lui.
La lady observatrice commente :
– Il plaça ses petits coins neufs estampillés tamponnés sous les patins du chariot, à petits coups précis, tournant virant commentant, entre deus ex machina et mouche du coche. Ensuite, il s’enferma de longues heures dans les entrailles sabbatiques pour étudier, analyser, réfléchir, évaluer, concocter, deviser, … les heures passées au nom de raisons inconnues sont doublement longues pour l’armateur qui ressent confusément que son bien de bois ne lui appartient plus, que l’expert en planches courbées va lui dire des méchancetés. Soyons sordide au pays du beau esthétique : il sait qu’il va falloir sortir son porte monnaie, …
Long time later, nerveusement, l’éphèbe thérapeute, Docteur Pruneau, descend l’escabeau qui monte au pont et descend sur terre. Il tourne autour de la coque, y trace des signes cabalistiques, Nostradamus abscons prétendant qu’il côtoie une coque en forme destinée à l’enfer des vagues submergeantes si son intervention n’y met bon ordre. Il devise – fort cher – le travail au proprio qui, Stockholm syndromé, acquiesce avant que le grand maitre de la fausse équerre annonce péremptoire « peux pas faire avant l’hiver ! »
Mon amigo, le Saba boss, blanchissait sous son hâle. Il opposa que la saison du CCMA allait débuter, que c’était son bateau, qu’il le connaissait – face au divin expert, le béotien est béat, ce fut le cas…
Alors, Docteur Pruneau vira Mister Barbapapa, la dualité de l’individu peut monter ou pas dans les tours de la schizophrénie, dans ce cas-là, si. Sournoisement, l’éphèbe aux doigts crochus identiques à ceux de Gepetto qui forgea Pinocchio au nez télescopique, tenta d’engranger du labeur sans doute pour les frimas hivernaux où la moindre brindille, le moindre vermisseau, ….
Le refus du boss de se laisser bouffer la saison déclencha la crise. Tandis que Docteur Pruneau faisait son boulot, Mister Barbapapa se lâcha dans le design « épave après la tempête » en ponçant les oeuvres mortes, celles qui sautent aux yeux, et en les abandonnant bois apparent (de l’acajou, certes, mais poncé). Lui que nous connaissions si délicat dans ses chefs d’oeuvres pour des créateurs et des gravures de mode déjantait !
La mise en bouche
La mise en bouche, courue dans le pas d’air du tout, puis dans les bords dans la brise sous les ondées. Le boss surveillait les fonds, anxieux des prédictions malédictoires de l’éphèbe à la varlope : que nenni, pas de geyser prophétisé, la pompe de cale toute neuve fonctionnait normale comme sur un canote en bois qui se remouille au sortir de l’hiver.
Pruneau cru, pruneau cuit, barbapapa chez les Papous, chantonnait le boss en contemplant les fonds si secs.
Le bib show

Il fallut (photo) hisser le scaphandrier préventif assommé par le radeau à gonflage automatique.
A noter svp que les radeaux de sauvetage doivent résister à une chute de 12 mètres, sauf en France où 6 mètres suffisent.