Zig & zag dans le Channel
Le retour épistolaire de Lady Taud lors d’un séjour à Dartmouth
Saba boss- J’étais enfin entré dans l’estuaire de la Dart après une longue série de bords de près, strong wind in ze pif. Pas trop le moyen d’échapper aux virements répétés, aucun bord favorable. Fort heureusement, les courants du fort coef. compensait les 30-40 nds de vent froid. Avec 2 ris bien assurés dans la GV, le foc bridé roulé à 6 tours, pataras à cran, Saba faisait son job, nez dans la plume et beau sillage au cul. Quatre à bord, tous vétérans de grosse brise. Près de 40 heures depuis Audierne. Cassoulet dans le Four puis pâtes et soupes chaudes ensuite. Nécessaires pour se sortir de l’humidité froide.
Le ponton était libre devant le RDYC, pas trop demandé d’avis ni d’autorisation, le pavillon français est une sorte de sauf conduit autorisant l’impertinence – messieurs les anglais tirez les premiers *- vis-à-vis de nos cousins préférés. Et Dieu sait s’il est délicat d’entretenir aimablement des relations de cousinage !
Douche brulante puis bar où, accoudée en discussion avec Bruce the CCR’s Commodore, Lady Taud*** nous accueillit à son habitude, sourire aussi large que son invitation à profiter du bar. Bisous de sincère cérémonie puis elle reprit son propos :
– Il avait été convenu d’amarrer la goélette aux Sables d’Olonne. L’armateur du très joli Stephens Trompette Blanche qui l’occupait avait accepté de laisser sa place avant de revenir sur sa décision le matin de notre arrivée. Avec l’aide des gens du port, une solution fut trouvée. Sa volte-face fort peu cavalière n’a pas empêché le propriétaire du yacht, un certain Titi Zebox, de venir faire le fanfaron en venant me saluer.
– J’imagine votre réaction ! dis-je.
– Absence de réaction, diriez-vous plutôt. Il a insisté en anglais et en français puis tourné les talons.
Le capitaine de la goélette ajouta :
– Nous l’avons croisé, 3 soirs de suite, dinant dans le même restaurant avec son équipage. Il donnait l’air d’être le prince de la soirée, hôte – semblait-il – prolixe. Nous l’avions surnommé Amphitryon**.
John, RDYC member, qui faisait office de barman, nous offrit une tournée prétexte au commentaire qu’il souhaitait faire.
– Thanks John, we said.
– J’ai été surpris, lors du RDYC 150th birthday, de constater la façon étonnante pour ce yacht de gagner le ponton de la marina. Le bateau arriva à bonne vitesse perpendiculaire au catway. L’étrave y est montée sur au moins 4 mètres ! L’équipage, très efficace, sauta à terre avec des aussières et le bateau put être garé normalement. Le barreur – en fait l’armateur – prétexta qu’un courant l’avait poussé à manœuvrer ainsi. Why not ?
– Cheers !
Nous passâmes une excellente soirée au yacht club. Pléonasme.
Trois jours plus tard, nous retraversions vers l’aber wrach. Il avait été convenu de s’y retrouver avec la Lady qui quittait Dartmouth quelques heures plus tard. Joli temps de traversée accompagnée d’un fair westerly wind 30/35 knots. GV 1 ris et génois. Belle vitesse qui compensait le froid ambiant.
A la tombée de la nuit, nous aperçûmes une voile sur notre arrière.
– La goélette de Lady Taud ?
– Non, un gréement de sloop !
– Il marche plus vite que nous. Même direction semble-t-il.
Deux heures plus tard, nuit noire. Les feux de tète de mat du voilier poursuivant étaient bien visibles.
– Je ne sais qui barre, mais c’est bizarre !
En effet, nous voyons alternativement les 2 feux, puis le rouge, puis les 2, puis le vert.
– Sacrées embardées ! Regarde ! On aperçoit le feu blanc !
– A ce rythme-là, s’il a décidé de viser le Mont St Michel et la statue de la Liberté, nous arriverons avant lui !
Nous nous amarrâmes au petit matin. Petit dèj’ puis un tour à la capitainerie pour arranger l’amarrage extérieur de la goélette qui se profilait au petit Pot de Beurre. Nous prêtâmes la main à l’équipage pour l’amarrage du grand yacht. Avant d’être invités à boire un café.
– Vous n’auriez pas aperçu un sloop qui naviguait en zig zag entre vous et nous ?
– Bien sûr. Il est ancré près de la Breach Ver. Aucun signe de vie. C’est le fameux Trompette Blanche.
– Vu ses changements de caps, il a dû parcourir 2 fois le trajet.
– Que cela reste entre nous, dis-je. L’armateur peut être aussi sympathique que susceptible. Au point d’entamer des procédures hors sujet.
La matinée s’annonçait bien sous le soleil frais mais soleil malgré tout.
* Bataille de Fontenoy d’après Voltaire où l’armée française de Louis XV, inférieure en hommes et en armes, battît la coalition grande bretonne, batave, hanovrienne et autrichienne
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*** Lady Taud: personnage de fiction récurrent, toute tentative de le faire ressembler à des personnages réels relèverait donc d’une interprétation étroite, malveillante et partisane de ce blog
I am really happy to send you this article written with the Richard’s high level complicity. Enchanté too for these windy days of regatta on board the fast and splendid Clarion of Wight which represents indoubtly the most elegant side of her owner.