Yachting Classique, d’Eole à Asshole
Channel Classic Regatta. Tour de bréhat, beau temps pour régater.
A bord de Z, le plan Auzepy Brenneur, ça tournait bien et même très bien. Béatrice, Pascal, Xavier, Stevan et ma pomme aux manettes. Z est de la catégorie yacht light : 4 tonnes pour 11,20 m par 2,60 !
Remontée au près tribord amure sur la bouée mouillée proche de Caïn Ar Monse lorsque déboule bâbord amures au près ouvert, une sorte de gros camion à coque blanche. Gros camion, un plan typique Laurent Giles de 55 pieds armé toutefois de voiles kevlar et d’un mat carbone ! Yacht classique en 49 et camion n’importe quoi aujourd’hui.
Il déboule donc ses 15 tonnes, au moins, direct sur la marque. L’équipier posté à l’avant hurle au barreur : Abats ! Abats ! ça ne passe pas ! (traduction) J’étais aussi à l’avant de Z pour les mêmes raisons de collision putative. Le barreur du camion kevlarisé est sourd sans doute. Nous avons abattu in extremis pour lui raser le cul. Le gars ne s’est même pas retourné: nous lui avons décerné le « prix trou du cul » au barreur. Asshole* pour que le chauffeur du poids lourd puisse comprendre que l’impressionnant palmarès de son canote a été détruit en 2 minutes.
Aucune idée de l’issue de la réclamation enregistrée par le comité de course. Juste une remarque comme ça.
Ah oui, le canote se nomme Gulvain, présente des similitudes architecturales avec Maid of Malham et Myth of Malham de John Illingworth. Lire : Le Maïca, au tournant du yachting
Je ne sais pas qui barrait ou skippait le canote mais je voudrais juste lui conseiller d’acquérir un camion, un gros plutôt que de défigurer l’élégance des yachts classiques avec son gréement n’importe quoi et ses manières de*.
Et puis le sempiternel cas Orana
Orana est un 8MCR dessiné par Mac Gruer et construit chez Morriss & Lorimer en 1959. S’il fallait en reconstruire un exemplaire, c’est celui-ci qu’il conviendrait de copier-coller.
On sait le yacht fabuleux.
Souvenir d’une régate en baie de La Baule lors d’une Belle Plaisance : nous avions installé les écoutes fines sur les spis et Orana (au plus haut des cieux) nous passa grand-voile à peine ouverte et un équipier maintenant à la main le foc débordé. Scotchant, surtout pour nous autres les scotchés. Sauf pour Griffon parti installer des chaises longues sur la plage. Ou bien cueillir des fraises ou acheter un fondant baulois, les stratégies du baigneur sont imperturbables.
L’envers du décor, c’est la manière.
Certes, le yacht est entretenu a minima, fait de l’eau, n’a pas de pompes et parfois un seau pour ne pas sombrer. Certes, son armateur – agréable dans le civil – bricole tout ce qui lâche avant que ça re-pète. Certes, les spis vont et viennent et le haubanage se gendarme. Certes, le moteur qui ne fonctionne pas au port est alerte par calmasse de nuit régatière. Le pourquoi de l’attitude appartient à une forme de pathologie proche de celle de Mister Asshole ci-dessus. Vaincre à tous prix. Sigmund va te coucher. A moins que le terrorisme ambiant ne fasse tache d’huile.
Donc, outre le fait d’embarquer des équipiers du type morituri te salutant, le susdit armateur triche avec les règles communes telles que les licences de voile. Tout y passe, faux numéros, licences périmées, récemment pas de licence à bord pour les Voiles de la citadelle et pour la Belle plaisance. Il ne joue pas les trous de jauge mais la bizounourserie associative qui se refuse d’imaginer être poursuivie au pénal. Avec des cadavres à la clef et accessoirement sur la conscience.
Dernière étape. Lors du départ de la Classic Channel Regatta, Orana refuse un tribord à Mabel et provoque un choc si violent que Bruce a dû sortir son bateau de l’eau illico. Bruce est l’organisateur de la Channel Classic. OK ? Ensuite, Orana est partie s’abriter à Guernesey, moteur HS, pompes HS et équipiers HS de remonter des seaux d’eau. Tout va bien Madame la Marquise.
Avant d’aller faire un trou dans l’eau.
Nous sommes tous équipés d’un trou du cul, orifice utilitaire voire plus si affinités. Certains, pathologie excrémentielle ou anus irrité, revendiquent tellement le leur que cela agit sur leur humeur ; disons qu’ils y sont particulièrement attachés. Non, je ne ferai la vanne éculée des poils Tefal. Aussi à l’heure où l’on pond des chartes d’attitudes, de bonnes mœurs classiques, sans doute serait-il bon de les appliquer objectivement envers ceux qui les enfreignent et mettent leur monde en péril. Lorsque l’on veut être strict, il faut commencer par être cohérent, écrit l’un de mes amis.