Espace & temps, vagues & nuages.
De juin 1882 à juin 2015, de Douarnenez à Falmouth et retour, il était une fois Germaine…
Patrick, l’armateur & boss l’avait prophétisé à maintes reprises : on va l’avoir dans le cul. Et lorsque nous avons, le dimanche soir à 20 h, quitté Falmouth – après la proclamation des résultats suivie du burger diner resto sur le port – nous avions effectivement le vent où il l’avait prédit. Mer bleue plate aussi. Il y eut près de 3 heures à descendre sous voiles au soleil couchant avant de démarrer le moteur histoire de ne pas dériver.
Mais revenons aux jours précédant la victoire de Germaine sur des forces supérieures en tonnage.
Découverte du yawl aurique aussi chantourné qu’une maquette navigante grandeur nature. Des dimensions de rêves victoriens du temps où l’on expérimentait les élancements aux paroxysmes du raisonnable. Autant vaut pour les kilomètres de bout’ qui laisseraient à imaginer que le chanvre utilisé alors stimulait l’imagination des architectes. L’architecte, sorry, Ben Nicholson et constructeur itou qui comme un seul homme mit Germaine à l’eau un 21 juin 1882. 133 ans déjà ! Dimensions, on ne s’en lasse pas :
Longueur au pont : 12,83 mètres – Flottaison : 10,20 mètres – Longueur hors tout : 21 mètres !
On s’étonnera que les experts draconiens des Drac ne tombent pas à genoux sur les pontons, mains jointes, à invoquer le Grand Esprit de l’inventaire des monuments historiques pour qu’il expose Germaine sous les voûtes du Musée de la Marine (page 99). On s’égarera à dire (je, en fait !) que l’entregent est plus porteur que l’engagement là comme ailleurs.
Départ, on a attendu 3 jours hébergés chez Patrick pour que le NE F 5 à F 8 se calme quelque peu. Bavassé avec les locaux qu’on aime : Casilde, Solenn, Marie Jeane, Véronique, Yves, … Et hop, nous quittâmes Douarn à 5 heures du matin, pour passer dans la brume et sous les fenêtres de Marie Jeane (bis), l’œil du Four qui photographie tout ce qui s’aperçoit dans ces cailloux lô. L’œil était sur l’onde (qui sasse) et regardait le marin (qui passe) Gracias Victor H & itou focalise moutons de vagues et chevaux de prairies. Ça ira MJ de Porspoder los banos venue tout exprès faire dédicacer ses Cristobal accompagnée de Véro, la Vannetaise Chamoniarde?
Germaine et nous continuons dans la nuit nuageuse. NE parfois ENE pour jouer, grains et grosses pluies bien trempantes. Arrivée à 6h AM à Falmouth en same time que Mabel of Bruce. Mouillage d’attente et café.
Interview inopinée :
– Qu’avez-vous préféré de ce convoyage ?
– L’ambiance venteuse dans le pif, froide et humide, je rigole. Plutôt la douche chaude à terre et le breakfast au sec qui a suivi !
– Entrons dans les détails, la navigation à bord ?
– Plutôt physique et puis faut le temps de repérer les drisses et les écoutes qui spaghettent sur le pont, le pavois, les râteliers. Physique aussi coté sphincters car nous avions admis l’esprit de tradition, banni le Lavac HS pour se réapproprier le bon vieux seau d’antan, le seau dans l’inconnu roulant et tanguant. Le seau que tu vides au vent pour les analyses d’urine nasales communautaires et les surprenants étrons volants. Une fois à terre, la chaleur inhumaine des sanitaires falmouthiques et la musique 60’s top diffusées sous les jets de douche brulants ont là aussi joué un grand rôle sur lequel nous glisserons faute d’abattants vite rabattus sur des souvenirs de retenues. Il faut pour qu’elle s’absolve que la scatologie s’exprime pour être vaincue (un seul suffit)
Régate noumber one dans la foulée, annulée pour extrême foggy, lô fallu avoir recours au ipad pour retrouver le port bercail. Pas easy la life.
Ensuite débâcle au musée où ce fut open bar scotch. Oublié c’est pas cool la marque – hips ça y est c’est Old Pulteney Single Malt Scotch whisky – très bon et très beaucoup. Admiré quand même les tableaux dont ce fichu Charles Napier Hemy que j’aime autant que Winslow Homer mais dont nous avons pu nous offrir un petit format long time ago à Yarmouth je crois. Winslow c’est chaud en dollars ! Après ça a été shanties, bières et scotch. Ensuite on est rentrés faire dodo.
Régate noumber 2, 15 milles ou un truc comme ça. Des bords, des bâbords et des tribords. Fatiguant mais beau départ pris par Patrick, chapeau. Peut-être susurrai-je les flèches too much à la fin quand le wind il a monté ses tours.
Ce fut bon venté, vagué, engagé. Saine fatigue.
On rentre, on range. Ferlage, rangeage, pliage, dé bout dehorage. Et hop, diner au the Royal Cornwall Yacht Club ! Où l’on retrouve Bruce & crew sur les pelouses. Parce que nos hôtes vinrent s’excuser d’avoir interprété Britannia rules the waves, nous ne commîmes pas le 31 du mois d’a-out. Voila. Harmonie. Verres en pub sur le retour. Dodo dans nos châlits* superposés et boss dans sa suite.
Régate noumber 3. Départ plus tôt pour rentrer itou. Brises évanescentes fatiguées d’avoir transporté des shanties au bout de la nuit. Et puis hop, ça démarre Adhémar ! Et ça brise même, à tel point que descendre les flèches de Germaine réclament doigté et force pour regagner le plancher, pardon le pont. Kelpie impériale paradait impeccable comme en Med’ et Mascotte poussait l’eau sous l’excellence de son show man de boss.
Retour au bercail, Kataree à couple, Patrick court aux résultats ! Germaine fait seconde derrière Kelpie et devant Mascotte. L’équipage sourit, la fatigue se lit, la victoire est jolie et tutti quanti.
Et puis donc retour, spéciale Paëlla dans le Four, officialisation du Penty Punch et jolie photo de terre entre Saint Matthieu et les Pierres Noires.
Lundi soir, arrivée folklorique à Douarnenez. Marée basse, Germaine lancée à 3 voire 4 noeuds, marche avant coincée pour inverseur out. C’est le jour de la Sainte Germaine, véridique, marin croit aux Saints, coup de barre à fond tribord, amorti sur le coin d’un ponton bien lâche – la marée basse relâche les corps morts, sentence Pagan – qui attaque peinture avant bâbord et support de moustache mais immobilise les 17 tonnes de la belle. Sainte Germaine omniprésente, marin croit aux Saints, une place nickel longueur de l’autre côté. La touline, la touline, la touline ! Jeu d’amarres tirant poussant et Germaine s’apaise.
Hommage.
A Sainte Germaine la Toulousaine née en 1579. Faiseuse de miracles, elle perpétua sa tradition ce jour où on la fête à Douarn et ailleurs.
Mais aussi. Née bien après le yawl aurique, elle naquit en 1902, se prénomma Germaine et fut ma grand-mère. Toujours étonnant ce monde qui nous tourne autour. Jusqu’à t’enrouler dedans constamment. Et puis souvenir, je ne saurai dire pourquoi, aucune corrélation amont aval, de ce refrain de Motel Mon repos de Beau Dommage :
On est déjà le matin, me semble qu’on vient d’arriver.
T’as le même prénom que ma (grand) mère. Ça fait drôle d’y penser.
* Châlit étymologie. Soit du latin populaire : catacombe et échafaud. Soit issu de catasta : estrade où sont exposés les esclaves mis en vente, lit de supplice, sorte de gril, …
Photos de l’équipage et celle de l’équipage de Martine depuis Kataree
Photo cadeau. Bâbord dit en ras d’étrave de Kelpie
Vidéo cadeau, shanties à gogueau…