Aussi beau à Morgiou (Photo Flo) que par chez nous, convoyeurs de fond souriants.

Il y eut lune gibeuse promise, coups de vent, rafales de pluies entrecoupés d’accalmies, paysages marins de vagues et de rocs, amers de maçon marin et balises dansantes au large des golfes clairs Claire, picots de surface et marmites sous marines, dodos au chaud à bord et douillets choyés chez nos hôtes paimpolais, fin de saison, début d’automne à cache cache de F 9, des lumières à vouloir devenir impressionniste, trop frisquet pour l’été indien et trop lumineux pour s’appeler automne.

Vous auriez dû embarquer, non ?

Saba malmenée sur son bout de ponton déserté, le vent dans l’axe, les vagues, le ressac claquaient sous la voute, faisaient sauter la coque et usaient les amarres à tel point que nous dûmes les doubler ! Chaumard tribord arraché, welcome Trèb!

Trébeurden, le village de Preden, le moine gallois débarqué au 6é siècle en compagnie de son confrère Meilaw (Millau) dont l’arrivée est relatée dans une sourate gaélique antique  :
Ne pensant pontons y trouver,
Pour sa barque de pierre amarrer,
Préféra au ressac la laisser
Et aux vagues la briser
(Traduit par Pagan)
Les travaux portuaires et le nouvel enclos à bateaux n’auraient rien changé ? Yach’mad, moine Preden du village des petits hommes.

JFA photo

On se souviendra de l’algobernico seawear de Saba au sortir de l’eau paimpolaise si pure que coquillages, crustacés et poissons y prolifèrent au point que les pêcheurs pêchent au port, dit-on et que tantôt les bateaux ne sortiront, immergeant filets et casiers entre les pontons. (Propos relevés à la capitainerie juste avant le café)

Trop beurden line harbour où comment un port quasiment neuf ne supporte pas les yachts quinquagénaires.
Donc, pour faire l’écologue, entamons le paradoxe de l’algue et de la bernique.
Soit un plongeur tarifé qui débarrasse une coque immergée des parasites agglutinés et les laisse partir dans l’eau du port. Soit un particulier qui effectue la même opération sur un grill de carénage en prenant soin de récupérer les parasites puis de les déposer dans une poubelle. Le plongeur tarifé officiel est impuni, le plaisancier est répréhensible.
L’échouage était envisagé et ne fut pas réalisé; le coup de vent a empêché d’exploiter le paradoxe, car rien de plus délicat qu’un canote appuyé sur un quai quand le vent qui en vient monte dans les tours !

Départ entre coucher de nuit et lever de jour. Calme ambiant où seul le teuf teuf ron ron du moteur éveillait les mouettes tandis que la quille, longue sans saumon, chatouillait les moustaches des crevettes (description surfaite & nulle mais j’avais envie). Pas très chaud.

Joli convoyage entre Trébeurden et Lézardrieux. Spi dans les petits airs et, passé les 7 îles, la grosse houle a laissé la place à une mer tranquille simplement agitée par les affrontements vent courant où les marmites bousculaient la barre.
Il y eut un grand débat à propos des 7 îles qui seraient 8 avec Tomé (Tomé la chemise !) ; nous convînmes que tels les 3 mousquetaires qui furent 4, les 7 iles pourraient être 8 !
C’est là que je me mis en choucroute pour le déjeuner. La choucroute n’est autre que l’imitation orientale du Kig ha Farz, le pot au feu breton, que les Alsaciens ont su si bien adapter au point d’aboutir à la choucroute de la mer (ou de ta mère) soit Màmma ou See Sürkrüt. Ca devrait bouillir avenue des Vosges.
Silence de l’équipage fourchettant les assiettes, le boss ravi d’avoir fait plaisir a terminé le plat.
La vitesse du courant suppléant celle du vent, il fallut bien mettre le Beta en marche pour garder le contrôle.

Céline barre. Première. Facile, Féline, tu vises la Vierge des Héauts et tu tournes la barre, comme un volant droit en bois ou un joy stick.

En bonne native breizh d’Argoat, elle a cherché la vierge en l’air dans le ciel comme une apparition avant de la trouver posée sur l’eau.

Hisse Héauts !

Passés les Héauts de Bréhat (Ar C´hern :’les Cornes), nous prenons le chenal de la Moisie et direction Lézardrieux, trop tard pour gagner Paimpol autrement que vaseux.

Nous passions le Phare de la Croix. Jean François, posant ses pareils photos racontera après s’être signé et avoir égrené son rosaire : « Je m’étonnais que Sailor -votre serviteur, vaguement humble – fut si calme à lover une amarre. Lorsque soudain il annonce qu’il va organiser des pèlerinages au Phare de la Croix en station maritime du chemin de croix.

Avec un show aquatique où Jésus, tiré par un runabout décoré en char romain, affublé de tunique barbe et cheveux longs bare footerait sur l’eau dans la conjonction des courants du Ferlas, du Kerpont et du Trieux escorté par le père trieux, le fils ferlas et l’esprit saint kerpont en paddle ! Le Puy du Fou out ! Mais comme dit Eric : les Paimpol locaux vont augmenter !
– Avec toutes les vieilles que compte le coin, on devrait refuser du monde : Vieille de Bodic, Vieille de Loguivy, Vieille du Tréou, … sans compter les Vierges, … ajouteront les impies.

Nous entrons entre les rives de ce Trieux aux allures de lac suisse quand tu rentres d’une course lointaine et ce calme port de Lézardrieux qui faillit par deux fois devenir port militaire. Georges Brassens l’aurait fui, et pas que lui.

Les Perdrix de l’anneau ou les perdreaux de l’acné 

Le lendemain, le coup de vent passe. Ciel ressuyé d’après mauvais temps et ballade dans les chenaux à passer les cailloux, Benoit se rit des joyeux amers, Eric ne contrôle même pas son GPS, c’est dire la coolitude, et je savoure.

Voila, Saba est de retour à Paimpol.
Aventures à suivre.

Avec la participation, photos, textes et paroles de Céline (dis moi) , Jean François dit Captain Jeff, Eric l’immuable, Benoît le Nébulman et ma pomme.