Sniffothèque

YCC vs. AYC ???

Lorsque les belles histoires deviennent des légendes,
les romancer est utile pour qu’elles perdurent;
lorsque les biloubelles histoires sont d’actualité,
la subjectivité narrative est utile principalement au narrateur.
(cf.storytelling)

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Quand Escapade prend l’escampette

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Il y eut une vie yachting classique avant Saba

sterwennOn en était encore dans l’ère où le Port Rhu, Douarnenez et le Chasse Marée tiraient le revival patrimonial. Good old times où le catogan mâle se portait long, les filles fumaient des goldos en robes gitane tandis que les vagues et le vent s’amusaient de voir re-naviguer des mariages heureux de bois, de lin, de chanvre, surtout le chanvre qui fait rire les humains comme des mouettes. On usait alors du terme générique « vieux gréements » traduit des old gaffers britanniques, pour tout ce qui n’était pas plastique (et tout ce qui n’était bateau de travail, le yac fait bourgeois voire aristocratique et encore pire »parisien »). Gaff signifie gréement à corne ou aurique; de son côté le bermudien faisait son Marconi avec des vieux gréements aux voiles sans corne. Pas facile de s’absoudre d’un terme impropre.

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De Islay Malt à Saba


Tout a commencé par un contact avec Loïc Blanken, broker, coureur, régatier, organisateur de courses – le Loïc Blanken, quoi ! – il y avait un Maïca à vendre à Bénodet.

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Bref, un aller-retour Paris/Bénodet dans la journée, le tour du canote épontillé sous les feuilles, la visite de Griffon en refit (admiraler de l’architecte Pierre Lemaire construit pour les biffins à la demande du ministre Pierre Messmer à Pierre Loïc Chantereau), un déjeuner avec la tribu Blanken (Stagnol & Le Bihan) tout à fait encline à « s’occuper » de ce Maïca qui s’appelait alors Islay Malt.

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Souvenirs d’un enfant

Olivier Lecerf, of Shangaï, fils d’ Alain et sûrement le premier enfant, avec ses frère et soeur, à naviguer sur ex Manika aujourd’hui Saba, nous livre ses meilleurs souvenirs à bord de cet exceptionnel canote…

 

Quelques passages mémorables pour un gamin mousse entre 9 et 13 ans…

« …

1967 – Remontée du bateau de Hyères à Deauville.

Ah!  Ces fameux alizés portugais : trois jours de près (ou était-ce quatre) par force 5-6, la tête dans le seau la majorité du temps. Heureusement que notre Père le Capitaine était là pour nous ramener dans le droit chemin marin. Prend la barre ça ira mieux (tu parles)! D’où mes premiers ébats dans le “multitasking”: barrer de la main droite, et tout en surveillant le compas, se vider la tripe dans le seau tenu dans la main gauche… position symétrique pour le tribord amure.

Le passage en Manche

Nord Bretagne. Gris, humide, mais quelle pêche: au moins une quarantaine de maquereaux en moins de 2 heures. Le mousse les a tous vidés et nettoyés, car le Capitaine avait bien dit “ qui pêche nettoie !!!”.  Je pense que son but non avoué était en fait d’essayer de réduire le temps de pêche du gamin car la ligne de traîne, c’est quand même ½ nœud de moins ! C’était évidemment sans compter sur l’attrait irrésistible de cette activité quand on a 9 ans…

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Souvenirs de régate…

La dernière course croisière de Manika (devenu Saba)
en novembre 1966

Par Alain Lecerf

De Marseille à Sète en passant par la Cassidaigne, cette course doit nous permettre de gagner le Championnat  du RORC  Méditerranée en Classe III …. (à condition au minimum de la terminer !)  Nous sommes actuellement deuxième au classement.

L’enfer va commencer dans la remontée de la Cassidaigne vers Sète car le mistral s’est levé et en novembre il est redoutable. Passé le Planier la mer devient très forte, le vent flirte avec la force 8.

L’équipage de choc est composé d’officiers sous mariniers et de pilotes de ma flottille de chasse de l’Aéronavale que je quitte, car ma démission de la Royale a été acceptée a partir du 1er novembre. Tous ont tenu à être avec moi pour cette dernière course d’une saison passionnante.

Dans l’après midi une déferlante nous prend par le travers et emporte le barreur, Tristram, notre officier pilote britannique. Heureusement,  amarré par son harnais, il remonte rapidement à bord et se remet, imperturbable à la barre, avec pour seul commentaire :
« Elle n’est vraiment pas chaude ». Cette litote restera célèbre.

manika-hyeresNous naviguons tribord amures. C’est une erreur de tactique de ma part, car il aurait mieux valu virer et nous rapprocher de la côte pour trouver une mer moins forte sous le vent de la côte de Camargue. A ma décharge, notre seul moyen de navigation à l’époque étant la gonio, je crains de me rapprocher des haut-fonds du cap Faraman. Vers minuit le tangon de spi, mal amarré, percute un hublot et le brise. C’est le geyser à bord. Un matelas bourré dans le trou limite les entrées d’eau, mais la situation devient critique. Nous virons de bord pour mettre le hublot cassé sous le vent.

Au petit jour, la mer est devenue très méchante, et qui a navigué dans le Golfe du Lion dans un fort coup de mistral comprendra ce que j’entends par là. Nous sommes en novembre, il fait très froid avec ce vent infernal. La notion de sécurité prend le dessus, tant pis pour la place en championnat, et lorsque je dis : « On laisse porter, on rentre sur Marseille », personne ne s’y oppose. Hubert Foillard  lui-même, notre célèbre commandant de sous-marin, dur-à-cuire,  fidèle équipier de Tabarly, m’approuve.

Le retour sur Marseille au bon plein est rapide. Nous apprenons que tout le monde a abandonné depuis longtemps, à l’exception de notre ami sétois Claude Sénat qui, avec son Giraglia « Giralda » a rasé les plages du delta du Rhône et a pu passer jusqu’à Sète.

Nous resterons deuxième du championnat. Manika va devenir un voilier de grande croisière, car ma nouvelle vie civile ne me permettra plus de trouver le temps d’aller courir les mers en dehors du traditionnel mois d’août.

Heureusement, Manika devenu Saba, quarante ans plus tard, a retrouvé avec enthousiasme la course au large aux mains de Philippe Payen, son  nouveau propriétaire, passionné de régates. Tout l’équipage de Manika en est heureux et remercie Philippe d’avoir ressuscité avec bonheur ce maïca légendaire, qui comme tout voilier digne de nom, a une âme.

Alain Lecerf  et l’équipage